Les troubles neurocognitifs : Symptômes et causes

Les troubles neurocognitifs affectent plusieurs domaines de la cognition et peuvent avoir des causes variées nécessitant une prise en charge spécifique.

Florence Ronco

Neuropsychologue à Paris 5

Comprendre les manifestations et les origines des troubles neurocognitifs

Les symptômes

Altérations cognitives dans les domaines des fonctions exécutives, de la mémoire, de l’apprentissage, de la cognition sociale, du langage, de l’attention et des activités perceptivo-motrices.

Les manifestations par domaine

L’attention : difficultés dans un environnement avec stimuli multiples (télévision et conversation par exemple), impossibilité de réaliser un calcul mental, difficultés à intégrer de nouvelles informations

Les fonctions exécutives : ne peut exécuter qu’une seule tâche à la fois, a beaucoup de mal à planifier, organiser et prendre des décisions.

Apprentissage et mémoire : c’est souvent la mémoire immédiate qui est la plus affectée (difficultés à se rappeler une information récente, rappels fréquents nécessaires pour orienter une tâche simple, utilisation de plus en plus fréquente de listes de choses à faire).

Langage : la personne a des difficultés avec le langage expressif (elle va utiliser des phrases comme « ce truc » ou « tu vois ce que je veux dire »). Cela peut aller jusqu’à oublier les prénoms d’amis ou de membres de la famille. Surviennent des erreurs grammaticales, des réponses en écho ou automatiques.

Activités perceptivo-motrices : nécessité de s’appuyer sur autrui pour se diriger. A des difficultés dans des activités qui lui étaient habituelles comme la menuiserie, l’assemblage, la couture ou le tricot.

Cognition sociale : modification de la personnalité, empathie diminuée, diminution de l’inhibition, impatience. Ces symptômes peuvent aller jusqu’à un comportement clairement hors des normes sociales, un habillement inapproprié, un manque de pudeur.

Les causes fréquentes des troubles neurocognitifs

  • Une maladie d’Alzheimer : la mutation génétique responsable de la maladie d’Alzheimer pourra être mis en évidence par les antécédents familiaux ou un test génétique. Le patient va présenter un déclin particulièrement net dans les domaines de la mémoire et de l’apprentissage. Le déclin est constant, progressif et graduel.
  • Une dégénérescence lobaire frontotemporale : on constate plusieurs des comportements suivants : une désinhibition comportementale, apathie ou inertie, perte des capacités de sympathie ou d’empathie à l’égard d’autrui, comportements persévérants, stéréotypés ou compulsifs, hyperoralité et modification des comportements alimentaires.
  • Une maladie à corps de Lewy : on note le plus souvent des fluctuations du fonctionnement cognitif, des hallucinations visuelles répétées bien construites et détaillées ainsi que des signes de parkinsonisme.
  • Une maladie vasculaire : dans ce cas, suite à la mise en évidence d’un déclin notable de l’attention et des fonctions exécutives, en lien avec des accidents cérébro-vasculaires, la neuro-imagerie pourra confirmer le diagnostic.
  • Une lésion cérébrale traumatique : aura été mis en évidence un impact sur la tête ou un autre mécanisme d’ébranlement rapide ou de déplacement du cerveau à l’intérieur de la boite crânienne avec au moins un des éléments suivants (perte de connaissance, amnésie post-traumatique, désorientation et confusion, signes neurologiques).
  • L’usage d’une substance ou d’un médicament
  • Une infection par le VIH : certains sujets infectés par le VIH peuvent développer des troubles neurocognitifs.
  • Une maladie à prions : les symptômes accompagnant le trouble neurocognitif sont des signes moteurs comme des contractions musculaires ou une ataxie.
  • Une maladie de Parkinson : la maladie de Parkinson va précéder clairement l’apparition du trouble neurocognitif.
  • Une maladie de Huntington : les fonctions exécutives sont atteintes avant la mémoire ou l’apprentissage. Le diagnostic de la maladie de Huntington doit être clairement établi.

Pourquoi il est nécessaire de consulter

Dans le cadre d’un trouble neurocognitif, la prise en charge doit être globale, ainsi que le préconise La Haute Autorité de Santé : Le diagnostic et la prise en charge de ces maladies nécessitent des compétences pluridisciplinaires, faisant intervenir des professionnels d’horizons et de pratiques différents. Le médecin généraliste traitant est le pivot de l’organisation des soins centrée sur le patient. Il collabore, pour le diagnostic et le suivi, avec un neurologue, un gériatre ou un psychiatre, et peut -être aidé à des moments divers de l’évolution par de nombreux professionnels. Le psychologue réalise les tests neurocognitifs au moment du diagnostic et assure la prise en charge psychologique.

L’équilibre familial est très souvent bouleversé. Des cas d’épuisement sont constatés chez les accompagnants. Il est donc important qu’ils puissent bénéficier eux aussi d’une prise en charge psychologique.

Selon la Haute Autorité de Santé, les principaux objectifs sont, pour le psychologue et/ou le psychiatre, d’aider le patient à faire face aux bouleversements intrapsychiques et au traumatisme que constitue l’annonce de la maladie, de l’aider à maintenir une stabilité́ et une continuité́ de sa vie psychique, en dépit des troubles qui, par leur évolution, désorganisent de plus en plus ses processus de pensée