L’anxiété chez l’enfant : Comprendre et agir

Reconnaître et comprendre les troubles anxieux chez l’enfant permet d’offrir un soutien adapté à ses besoins.

Florence Ronco

Neuropsychologue à Paris 5

Les troubles anxieux chez l’enfant

Les symptômes

Il s‘agit de réponses anxieuses extrêmes et disproportionnées. La détresse de l’enfant se prolonge et présente une intensité sans rapport avec la situation.

L’anxiété est la pathologie la plus répandue chez l’enfant. Les études scientifiques suggèrent une prédisposition à l’anxiété chez certains enfants. Mais les facteurs familiaux (parents souffrant de troubles anxieux), développementaux (évènements de vie perturbants lors des périodes critiques du développement) et environnementaux (apprentissage) sont essentiels.

Un diagnostic peut être posé uniquement si le fonctionnement social est clairement perturbé et si les symptômes perdurent (au delà de 4 semaines). La peur ou l’anxiété sont excessives. Les enfants surestiment le danger et présentent des réactions disproportionnées.

L’anxiété de séparation

L’enfant va présenter une grande détresse en quittant sa maison, ses parents ou en prévision de ces évènements. Il exprime aussi des angoisses concernant ce qui pourrait arriver à ses parents (maladie, mort, accident) ou ce qui pourrait le séparer d’eux (se perdre, tomber malade, être kidnappé). L’enfant ne souhaite pas rester seul chez lui ou même aller à l’école. Les cauchemars sur le thème de l’abandon peuvent être fréquents.

Le mutisme sélectif

L'enfant va présenter l’incapacité de parler dans certaines situations sociales spécifiques alors qu’il parle dans d’autres situations. Il peut ainsi ne pas parler à l’école tout en parlant chez lui. Ce trouble est très rare. Cela ne concerne pas les enfants ayant immigré dans un pays où une langue différente est parlée. Ils peuvent tout simplement refuser de parler la nouvelle langue du fait d’un manque de connaissance.

La phobie spécifique

Il s’agit d’une peur ou d’une anxiété intense à propos d’un objet ou d’une situation spécifique : animaux, hauteurs, prendre l’avion, voir du sang, avoir une piqûre. Une peur transitoire et modérément invalidante n’est pas considérée comme une phobie. L’enfant peut se mettre à pleurer, avoir un accès de colère, se figer ou s’agripper. Une phobie spécifique se développe à la suite :

  • d’un événement traumatisant (avoir été attaqué par un animal, être resté coincé dans un ascenseur),
  • de l’observation d’une personne subissant un événement traumatisant,
  • d’informations concernant un événement traumatique (par exemple la couverture médiatique d’un accident d’avion).

La phobie sociale

Il s’agit d’une peur ou d’une anxiété intense observées lors d’une ou plusieurs situations sociales durant lesquelles l’enfant est soumis à l’observation d ‘autrui (adultes et enfants) : avoir une conversation, rencontrer des personnes nouvelles, prononcer un discours, manger ou boire en public. L’anxiété sociale ne peut être attribuée à une quelconque maltraitance dans l’enfance même si cette dernière constitue un facteur de risque aggravant. L’anxiété sociale ne peut être confondue avec la timidité normale (une certaine réticence sociale).

Le trouble panique

Ce trouble se réfère à des attaques de panique récurrentes et inattendues. Il s’agit d’un crainte ou d’un malaise intense pouvant comprendre les symptômes suivants (palpitations, transpiration, tremblements, impression d‘étouffement, nausée, vertige, frissons ou bouffées de chaleur etc.).

L’agoraphobie

Il s’agit d’une peur ou d’une anxiété intense lors des situations suivantes (au moins deux) : utiliser des transports en commun, être dans des endroits ouverts (parkings, marchés, ponts), être dans des endroits fermés (magasins, théâtres, cinéma), être dans une file d’attente ou dans une foule, être seul à l’extérieur du domicile.

L’anxiété généralisée

L’enfant ressent une anxiété et des soucis excessifs et ne parvient pas à contrôler cette préoccupation. Cette anxiété est associé à l’un des symptômes suivants : agitation, fatigabilité, difficultés de concentration ou trous de mémoire, irritabilité, tension musculaire, perturbation du sommeil.

Pourquoi il est nécessaire de consulter

Les troubles anxieux altèrent nos capacités à faire les choses rapidement et avec efficacité, et consomment temps et énergie, ce qui peut conduire notamment à un taux élevé d’absentéisme scolaire. Les troubles anxieux non traités pendant l’enfance ont tendance à persister à l’âge adulte. Une thérapie cognitivo-comportementale est particulièrement efficace dans ce cadre.

Attention : il existe des moments dans l’enfance marqués par des peurs « normales » pour l’âge : les bruits soudains chez les nouveaux nés, la peur de la séparation et la peur des étrangers aux alentours de 6 mois, peurs qui doivent se dissiper progressivement vers l’âge de 2 ans. La peur des animaux et des créatures fantastiques disparaitra avec la puberté. Quant à la peur de l’école, elle peut apparaître à la première rentrée ou lors des grandes étapes, au collège et au lycée, pour ensuite s’estomper et disparaître.